Last Stop

Un film de Francis Galluppi

6 août 2025Thriller, Policier

ENTRETIEN AVEC FRANCIS GALLUPPI

Étant donné qu’il s’agit de votre premier long-métrage, pourriez-vous nous parler de votre parcours et des projets sur lesquels vous avez travaillé avant de vous atteler à celui-ci ?

En réalité, j’ai démarré dans la musique. Quand j’étais plus jeune, je jouais de la batterie dans des groupes de punk, puis je me suis orienté vers le cinéma après m’être cassé le poignet. À partir de là, j’ai commencé à réaliser quelques courts-métrages à petit budget et des clips, ce qui m’a amené à développer Last Stop, mon premier long-métrage.

Comment l’idée de Last Stop : Yuma County est-elle née ? À quoi avez-vous songé en premier : le lieu de l’action ou les relations entre les différents personnages ?

Pour mes courts métrages, j’ai toujours adapté le scénario aux lieux auxquels j’avais accès en toute liberté. Par exemple, les parents d’un ami possédaient une maison dans le désert près du lac de Salton Sea. Du coup, j’ai imaginé toute une histoire à partir de cet endroit. Mon deuxième court métrage a été tourné en Oregon parce qu’un ami à moi y avait une cabane.

J’ai adopté la même démarche pour le long métrage. En explorant les environs de Los Angeles pour les repérages, je suis tombé sur le Four Aces, une station- service/diner/motel, à Lancaster. Après avoir pris plusieurs photos et étudié l’aménagement du diner, je me suis mis à écrire le scénario précisément pour cet endroit. Donc, en l’occurrence, j’ai d’abord trouvé le lieu avant d’imaginer l’intrigue.

La manière dont vous jouez avec les archétypes est savoureuse, comme celui du tandem improbable des deux braqueurs – l’un glacial, méticuleux et réfléchi, l’autre mal dégrossi, stupide et impulsif –, ou encore celui du représentant de commerce étrangement discret et de la serveuse sympa et franche. Comment avez-vous construit ces personnages qui se retrouvent tous au diner ?

Je commence toujours par écrire des biographies de chacun de mes personnages avant même de me pencher sur le scénario. Tout est donc parti de là : il fallait que je sache précisément qui étaient ces personnages avant de les embarquer dans mon histoire. Puis, ils se sont enrichis à mesure que leurs relations ont commencé à prendre forme. Pour le représentant de commerce, en particulier, je me souviens, quand j’étais petit, qu’il y avait souvent des vendeurs de couteaux qui frappaient à notre porte. C’est sans doute ce qui m’a inspiré ce personnage.

Ce personnage en apparence inoffensif, formidablement incarné par Jim Cummings, trompe son monde. Sans rien révéler, comment avez-vous travaillé son évolution ?

Dès le départ, je voulais que ce personnage soit confronté à un dilemme moral, mais ce qui a évolué pendant le tournage, c’est la crise de panique de Jim sur le parking.

Un lundi, je suis arrivé avec de nouvelles scènes et Jim est allé dans sa caravane pour les lire. Puis, il en est ressorti et m’a dit « Tu veux donc que je pète un câble dans le parking ? » Je lui ai répondu : « Parfaitement. Où est le problème ? » Il m’a alors regardé de travers et c’est à ce moment-là que je me suis rendu compte qu’il avait déjà pété un plomb sur un parking dans les trois films qu’il a lui-même réalisés, Thunder Road, The Wolf of Snow Hollow et The Beta Test.

Par chance, il a parfaitement joué le jeu, et c’est maintenant l’une de mes scènes préférées du film.

Le diner est véritablement un personnage à part entière, et il se referme comme un piège sur tous les personnages. Avez-vous envisagé cet endroit sous cet angle ?

Absolument. J’ai toujours adoré les films qui se déroulent dans un seul endroit, et ce diner me semblait être le cadre idéal pour un huis clos à suspense. D’entrée de jeu, j’ai envisagé ce lieu comme un personnage à part entière – une sorte de piège qui se referme lentement sur tous ceux qui s’y trouvent.

On retrouve bien entendu plusieurs motifs du film noir, mais aussi certains codes du western, comme le diner au milieu de nulle part, le désert alentour, les personnages, l’attente interminable, la fusillade...

En effet, depuis le départ, je considère fondamentalement Last Stop comme un film néo-noir, mais il est aussi, incontestablement, traversé par une atmosphère de western. L’environnement, l’isolement, cette attente qui se prolonge sont autant de codes du western, même si la construction et le climat relèvent davantage du film noir.

Un personnage évoque La Balade sauvage de Terrence Malick à un moment donné. Ce film est-il aussi une source d’inspiration ?

Totalement. J’adore le côté rugueux et sans concession du film. Les personnages de Miles et Sybil sont ma propre réinterprétation de Kit et Holly dans La Balade Sauvage. Ou, tout du moins, Miles fait tout ce qu’il peut pour être aussi cool que Martin Sheen !

En voyant le film, on pense à plusieurs références, des frères Coen (Blood Simple, Fargo) à Tarantino (Reservoir Dogs), de Sam Peckinpah (Apportez-moi la tête d’Alfredo Garcia) à Don Siegel (Tuez Charley Varrick !), ou encore à Hitchcock (La Corde).

C’est très juste. La Corde et Tuez Charley Varrick ! m’ont beaucoup inspiré. Je suis allé jusqu’à donner à Charlie et à Gavin les mêmes noms de famille que ceux des personnages de James Stewart et Dick Hogan dans La Corde. Si on fait bien attention, on peut les apercevoir sur leur badge.

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